Menu
Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Actualités juridiques > Réforme du Travail : derrière la CGT, la contestation se met en marche

Réforme du Travail : derrière la CGT, la contestation se met en marche

Le 18 septembre 2017
La CGT n’a pas fait le plein dans la rue, mais s’est trouvée des alliés de poids : les routiers. Stratégique : c’est eux qui avaient embrayés le mouvement contre la Loi El Khomri.
Pour la CGT, « une première réussie ».
Les opposants à la Réforme Péricaud du Code du Travail ont défilé ce mardi 12 septembre à l’appel de la CGT de Pierre Martinez. « Ce n’est pas une épreuve pour nous, a indiqué le leader syndical, c’est une épreuve pour eux ! ».

A peine 60 000 personnes à Paris selon les organisateurs, 24 000 selon la police… Au niveau national, entre 223 000 selon la police et 400 000 selon les syndicats. Certes, on est loin du raz-de-marée contestataire du 31 mars 2016, ou même du baroud d’honneur du 14 juin 2016 contre la Loi El Khomri.

Mais les chiffres ne doivent pas masquer une réalité que le leader cégétiste à la célèbre moustache a bien compris. Car la diversité des profils marque bel et bien « la démonstration du fort mécontentement confirmé par les sondages ».

 « La crainte d’un futur plus dur », la même inquiétude face aux réformes.
Et, en effet, on a pu le voir, une partie des militants a pris le contre-pied de la consigne nationale. Norbert Roffolt, secrétaire général d’une structure locale CFDT Île de France dans le secteur de la métallurgie n’en revenait pas : « Au vu du contenu du texte, il me semble incroyable que Jean-Claude de Mailly de FO et Laurant Berger n’aient pas appelé à manifester ». Et ce d’autant plus que le texte publié par la commission exécutive confédérale de FO qualifie clairement les textes des ordonnances de « régression sociale ».

Même son de cloche auprès des manifestants CFE-CGC. Même si François Hommeril, pourtant lui aussi très hostile au texte, n’a pas appelé à manifester, Odile, cadre syndiquée dans la publicité est là. « Qu’on soit cadre ou ouvrier, on peut se faire jeter de la même façon, autant se regrouper ».
 
« J’ai l’impression que l’on est au début d’une nouvelle séquence sociale ».
Eric Ferreres, spécialiste des relations sociales et ancien dirigeant CGT-Cheminot auprès de l’Express explique que même si la méthode du gouvernement a clairement anesthésié les syndicats, « même la CFDT est ressortie mécontente. Seule la direction de FO a semblé en phase, mais on voit bien que la base se mobilise. Et ça dépasse les quelques habitués trotskistes de la centrale ».

Ce qui change la donne selon lui ? Les étudiants et les lycéens. « Leur mobilisation peut donner un effet d’amplification, d’autant plus que le gouvernement ne s’y attendait pas. Depuis plusieurs semaines, il y a une communication maladroite qui attise la foule. Ca reste à consolider, mais on pourrait avoir les ingrédients du CPE de 2006. Ne manque plus que l’union syndicale. ».
 
Les routiers organisent leur contestation...
Patrick Blaise, secrétaire général de la CDFT-route a prévenu. Les routiers vont se mobiliser contre la réforme du Code du Travail qualifiée de « véritable erreur » du gouvernement qui va « percuter » la profession. Pas de blocages dans un premier temps, mais un mouvement qui sera « visible » dans plusieurs régions de France avec distribution de tracs au péage et dans les zones industrielles notamment.

Ainsi, même si les méthodes de mobilisation diffèrent, « le constat est le même pour toutes les fédérations. (… Les ordonnances ) vont beaucoup plus percuter » le secteur des transports que les autres professions, confirme Thierry Douine, président de la CFTC-Transport.

« Précarisation du contrat de travail », « concurrence déloyale » à naître dans une profession composée « à 75% de TPE-PME », « licenciements économiques facilités » dans les grands groupes, fusion des IRP ou encore le plafonnement des indemnités de licenciements sont dénoncés en bloc par la CFTC et la CFDT. Pour Patrick Blaise, la réforme est « un loupé de la part du gouvernement » qui devra impérativement « bouger certains curseurs », faute de quoi « des suites seront données ».
 
Or, on se souvient avec Jérôme Vérité, secétaire général de la CGT-Transport que l’année dernière, c’étaient les routiers qui avaient embrayés la mobilisation contre la Loi El Khomri pour défendre leur régime dérogatoire en matière d’heures supplémentaires. « Il avait fallu cinq jours de grève reconductible chez les routiers pour que le gouvernement cède sur l’article 2 de la loi Travail », rappelle-t-il. « Dans le transport routier, 90% des entreprises ont moins de 20 salariés. Et tout ce qui touche à leur fiche de paie, ça parle ! »