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Inégalité homme femme : l'Islande et l'Allemagne accélèrent, la France souhaite "un plan dur" (2/3)

Inégalité homme femme : l'Islande et l'Allemagne accélèrent, la France souhaite
Le 14 janvier 2018
En France, les femmes gagnent 25.7% de mois que les hommes, tous temps de travail confondus. Les récentes avancées en Islande et en Allemagne pourraient cependant rapidement changer la donne et faire avancer plus vite la "grande cause nationale" !

"En France, payer une femme moins qu'un homme, à un poste égal, est interdit depuis de nombreuses années" a tenu à rappeler Marlène SCHIAPPA, secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes. Et effectivement, en France la loi reconnaît depuis longtemps le principe selon lequel tout employeur est tenu de respecter l'égalité de rémunération pour un même travail. Elle stipule même que toutes les entreprises de plus de 50 salariés doivent réaliser un diagnostic de la grille salariale et établir un plan d'action pour y arriver. Reste que, dans les faits, seules 40 % des entreprises font ce diagnostic, qu'à peine une centaine d'entreprises ont été sanctionnées depuis que la loi a été votée en 2014 et que l'écart salarial homme femme demeure à ce jour de 18.8% en faveur des hommes... Mais les récentes publications de loi beaucoup plus volontaristes en Islande et en Allemagne pourraient bien changer la donne, d'autant que l'égalité hommes femmes a été annoncée comme "l'une des grandes causes" du quinquennat d'Emmanuel MACRON.

En Islande, l'égalité salariale est devenue une obligation depuis le 1er janvier 2018.

En tête du classement du Forum Economique Mondial (WEF) sur les inégalités entre hommes et femmes depuis 9 ans, l'Islande est le premier pays au monde à voter une loi aussi stricte. Annoncée en mars, votée en juin et appliquée à compter du 1er janvier 2018, la loi oblige désormais les entreprises privées et les services publics de plus de 25 salariés à appliquer une stricte égalité salariale entre les femmes et les hommes, sous peine de lourdes amendes (ndrl : cette loi concerne toutes les autres discriminations salariales : origines ethniques, âge, religion, orientation sexuelle, ...).

La loi précise également d'autres objectifs tels que "l'égale influence des femmes et des hommes dans la société", "le développement des recherches sur le genre" ou encore le fait de concilier vie professionnelle et vie familiale tant pour les femmes que pour les hommes. Et pour veiller à l'application de cette nouvelle loi, le gouvernement islandais a chargé le Centre pour l'Egalité Entre les Genres, dont elle assure la responsabilité directe, d'effectuer le contrôle du respect de la loi, un certificat de conformité valable trois ans étant décerné aux entreprises appliquant le texte.

En Allemagne, fin du tabou salarial, les femmes obtiennent le droit de demander le salaire de leurs collègues masculins.

En Allemagne, c'est le 6 janvier qu'a été votée la loi "EntTranspG" fixant la transparence en terme de rémunération. Désormais, les salariées des sociétés de plus de 200 personnes pourront en toute légalité interroger leur entreprise sur le montant du salaire d'au moins six de leurs collègues masculins exerçant le même emploi qu'elles au sein de leur entreprise. "Bien sûr, je ne saurai pas combien gagne Schulz ou Schmidt, qui sont assis en face de moi et qui font exactement le même travail que moi : répondre toute la journée au téléphone, casque sur la tête, pour un salaire de misère. Mais au moins, je saurai enfin si je gagne beaucoup moins que la moyenne des huit hommes du service !" explique Britta, 47 ans, salariée d'une agence de réservations par téléphone de voyages d'affaires.

"Monstre de bureaucratie qui va perturber la paix sociale aux sein des entreprises" pour Bernd SCHIEFER, de la fédération patronale de Rhénanie, Nina STRASSNER, avocate spécialisée en droit du travail, estime de son côté qu'il s'agit d'une loi "qui ne va pas assez loin", notamment parce que la loi ne s'applique pas aux PME et que dans les entreprises où il n'y a pas de Comité d'Entreprise, les salariées seront tenues de déposer en personne une demande écrite à leur Direction, au risque de compromettre leurs relations avec leur employeur si, comme Bertram BROSSARD de la Fédération patronale de Bavière, ce dernier estime que "S'il veut lutter contre les inégalités hommes-femmes au travail, l'Etat ferait mieux de créer davantage de places de crèches".

En France, Marlène SCHIAPPA annonce "un plan dur".... à venir.

Le 4 janvier dernier, Marlène SCHIAPPA avait déjà rappelé l'obligation de l'égalité salariale en France. Lundi dernier, la Secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes a annoncé sur Europe 1 un plan "dur et concret" sur la question de l'égalité salariale cette année. Ce plan, rédigé en collaboration avec le Conseil Supérieur de l'Egalité et la Ministre du Travail Muriel PENICAUD, devrait être présenté d'ici à "quelques semaines ou mois". 

"Depuis les années 1980, la quinzaine de lois existant sur le sujet ne marche pas" a plaidé Marlène SCHIAPPA."Ce n'est pas normal que de très grandes entreprises, qui ont les moyens de mettre à disposition tous les outils nécessaires -notamment des logiciels qui calculent les écarts de salaires, ne fassent rien" a-t-elle précisé. Pour elle, s'il est absolument nécessaire de "faire de la pédagogie, de l'explication, de l'accompagnement aux entreprises notamment des PME", il faut donc aussi mettre en place de vraies "sanctions", sans ajouter d'autres précision.

Quant à la transparence des salaires mise en place en Allemagne, la Secrétaire d'Etat n'a pas nié qu'il s'agissait d'une piste possible. "Ca ne me choque pas. C'est une bonne idée... L'égalité commence par l'information (...) Une discussion concernant ce point est d'ailleurs en cours avec l'Europe et mes collègues européens".