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Coronavirus : les entreprises sont-elles préparées à lutter face à l'épidémie ?

Coronavirus : les entreprises sont-elles préparées à lutter face à l'épidémie ?
Le 01 mars 2020
Les entreprises sont-elles prêtes à faire face au risque d'épidémie ? Que peuvent faire les salariés pour lutter contre le risque de contagion ? Quelles sont les précautions à prendre face au risque d'infection par le coronavirus Covid-19 ?

Lors de son point presse ce dimanche 1er mars, le Directeur Général de la Santé, Jérôme SALOMON a confirmé qu'à ce jour, le bilan du Coronavirus COVID-19 est à cette heure de 130 cas depuis janvier, "dont 12 guéris, 2 décédés, 116 hospitalisés pour des raisons d'isolement, 9 en situation clinique grave".

Sur les 130 cas confirmés, 72 feraient partie "d'une chaîne de transmission ou d'un cluster (c'est-à-dire d'un foyer groupé), 35 reviennent de zones à l'étranger où circule le virus, 23 récents sont en cours d'investigation, 7 ont été détectés par le test systématique" sur les personnes présentant un syndrome de détresse respiratoire aiguë, étant entendu que les deux plus gros foyers de cas groupés se trouvent toujours dans l'Oise et en Haute-Savoir, à LA BALME, où des mesures de confinement ont d'ores et déjà été prises afin d'éviter la propagation du virus (rassemblements interdits, habitants fortement engagés à rester chez eux, ...). 

Les entreprises sont-elles prêtes à faire face au risque d'épidémie ? Que peuvent faire les salariés pour lutter contre le risque de contagion ? Car nous avons tendance à vite l'oublier, mais la santé au travail, c'est le travail de tous justement. Or, si le coronavirus est moins virulent que contagieux (hormis, comme pour les grosses grippes, pour les personnes à risque), il permet de se rappeler des bonnes pratiques à suivre afin d'éviter la propagation des maladies au bureau ou à l'usine. Car pour les salariés, coronavirus ou gastro-entérite devrait être le même combat !

Quels sont les moyens de lutte des entreprises pour limiter la propagation du Coronavirus COVID-19 ? 

Le virus qui sévit en ce moment dans le monde est un coronavirus, c'est-à-dire qu'il fait partie d'une famille de virus particulière, au même titre que le rhume saisonnier par exemple. Beaucoup moins virulent que le SRAS par exemple, il est toutefois beaucoup plus contagieux. La rumeur a fait le reste. 

Les entreprises sont-elles préparées pour lutter contre ce type de crise ?

La crise sanitaire du Coronavirus Covid-19 n'est certainement pas la première à laquelle les entreprises et leurs salariés sont confrontés sur les dernières années. Tout le monde garde en mémoire les crises telles que celle causée par la Grippe A H1N1 en 2009, ou celle plus terrible encore du SRAS en 2003. 

Reste la grande question : avec ces crises à répétition, les entreprises ont-elles mis en place un plan de lutte ou de prévention afin de prévenir ou de contenir ce genre de crise ? Car de nombreux secteurs d'activités risquent bel et bien l'effondrement si les conséquences d'une éventuelle épidémie n'étaient pas anticipées (énergie, transport, industrie, santé, ...), prolongeant la crise sanitaire par une crise économique.

C'est pour cela que de nombreuses entreprises, en particulier celles disposant de filiales à l'étranger, ont mis en place un plan de continuité de l'activité : réorientation de l'activité, rapatriement des salariés expatriés, limitation des déplacements, ... 

Pour les entreprises ayant des rapports privilégiés avec la Chine, mais sans disposer de filiales sur place, la situation est plus tendue. De manière très insolite par exemple, la plupart des molécules et des masques sont aujourd'hui produits en Chine... dont les exportations tournent au ralenti... 

Face aux crises sanitaires, il est aussi important pour les entreprises de prendre en compte le risque psychologique.

Au-delà des risques purement logistiques qui peuvent être anticipés, reste la difficulté du risque psychologique. Car si le risque infectieux peut être anticipé de manière logistique, il en est autrement du risque lié au facteur humain : rumeurs, tentions créées... 

Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, des salariés peuvent en effet rapidement propager des rumeurs ou se retrouver stigmatisés voire discriminés en raison de leurs symptômes prétendument infectieux, de leurs origines ethniques ou de leurs activités professionnelles. 

Imaginez : vous avez un comité de direction avec le responsable des activités en Italie... Ira, ira pas à la réunion ? Accepterez vous d'être enfermé(e) pendant éventuellement plusieurs heures dans une salle avec votre collaborateur au risque de développer des symptômes ? Ou allez-vous lui demander de porter un masque eu égard au principe de précaution ? 

C'est pourquoi la mise en place d'une communication appropriée demeure la première mesure à prendre dans toute entreprise. 

Il faut rappeler d'abord et avant tout que le Coronavirus COVID-19 est certes un virus qui se transmet facilement, mais l'étude publiée par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies la semaine dernière et portant sur 72 314 cas confirmés, suspects, diagnostiqués cliniquement et asymptotiques de la pneumonie virale constatés en date du 11 février 2020 est plutôt rassurante puisque selon ses résultats la maladie serait "bénigne dans 80,9% des cas, grave dans 13,8 % des cas et critique dans 4,7% des cas" seulement... 

"En prenant en compte les cas asymptomatiques, le taux de mortalité du nouveau coronavirus serait bien plus proche de celui de la grippe saisonnière que du SRAS !" explique le Dr Samira FAFI-KREMER, chef du laboratoire de virologie du CHU de Strasbourg. 

Reste que "même si seuls 3% des cas décèdent, ça peut faire des chiffres importants si 30 ou 60% d'une population sont infectés !" souligne le Dr Simon CAUCHEMEZ de l'Institut PASTEUR à Paris. 

L'importance du principe de précaution dans le cadre de la gestion de la lutte contre le Coronavirus Covid-19.

Au final, et la récente réunion des partenaires sociaux et des ministres du Travail Muriel PENICAUD et des Solidarités et de la Santé Olivier VERAN l'a bien rappelé : le meilleur moyen de lutter contre la propagation du Coronavirus COVID-19 reste le bon sens. 

Puisque le virus se transmet par la salive, il faut mettre en place tous les moyens afin d'éviter les contacts rapprochés à risque entre les salariés. Concrètement, il faut éviter les zones à risques et les contacts potentiellement à risques le temps que le pic de contagion passe... comme pour toute maladie saisonnière. 

C'est ce que l'on appelle le principe de précaution, et c'est aujourd'hui le meilleur moyen de lutter contre le Coronavirus COVID-19 : en mettant en place des mesures efficaces afin de prévenir sa propagation. "Il faut garder son sang-froid et son sens des responsabilités pour éviter toute panique économique et sur les marché" a d'ailleurs conseillé le Ministre de l'Economie Bruno LE MAIRE, rappelant chacun à ses responsabiltiés.

Quels sont les détails des mesures que les entreprises peuvent prendre afin de prévenir le risque d'infection du Coronavirus COVID-19 ?

Concrètement, le détail des mesures à mettre en place varie en fonction des entreprises et des secteurs d'activité. Si le Gouvernement appelle à multiplier les sessions de télétravail, il n'en reste pas moins que pour certains métiers, cela demeure tout-à-fait exclu. Difficile en effet pour un ouvrier, un coiffeur ou un barman de travailler de chez lui !

La première mesure à prendre en entreprise est donc une bonne communication. Rappeler que le Coronavirus COVID-19 est bénin dans 80% des cas et fait partie de la grande famille des rhumes. Que par conséquent, le respect des règles élémentaires d'hygiène (tousser dans son coude, se laver les mains fréquemment, utiliser du gel hydroalcoolique, utiliser des mouchoirs à usage unique et les jeter immédiatement, ne pas aller en entreprise si l'on suspecte des symptômes éventuels, ...) doit permettre de limiter efficacement sa propagation. 

Le but de cette communication est évidemment de faire tomber le climat anxiogène potentiellement généré par les médias et les rumeurs notamment. 

La seconde mesure à prendre en entreprise est de limiter les déplacements dans les zones à risque. Cela se traduit par un report des voyages d'affaires et autres déplacements en premier lieu dans les zones où circulent le virus aujourd'hui (voir le site du Ministère des Solidarités et de la Santé pour une actualisation en direct). De grandes entreprises telles que L'OREAL ou NESLTE par exemple ont déjà annoncé reporter leurs déplacements dans ces régions jusqu'au 15 mars a minima. 

Les nouvelles technologies, et en particulier le recours aux cyber-conférences permet cependant de palier au mieux le report de ces déplacements, poussant d'ailleurs certaines entreprises à revoir leurs procédures au vue des économies de temps et de budget réalisées... 

La troisième mesure est de rapatrier les salariés expatriés ou en mission à l'étranger, en particulier dans les zones à risques. L'employeur ayant une obligation de sécurité, il doit veiller à prendre toutes les mesures permettant de protéger la santé et la sécurité de ses salariés. A ce titre, de nombreuses entreprises ont d'ores et déjà annoncé rapatrier leurs ressortissants, étant entendu que la situation est différente selon que vous êtes salarié expatrié ou que vous êtes amenés à travailler à l'étranger dans le cadre d'une mission ponctuelle. 

Lorsque les salariés expatriés et leur famille éventuellement sont rapatriés, il est important de respecter les procédures rappelées par les pouvoirs publics et de rester dans la mesure du possible à son domicile pendant 14 jours, soit durant la phase d'incubation du virus. 

Attention : s'il s'agit d'une mise en quarantaine ou d'un confinement sur décision de l'ARS, le salarié ne peut pas télétravailler. Même s'il n'est pas malade, le salarié est en arrêt maladie et doit être considéré comme tel, à ceci près que par décret en date du 1er février 2020, le Gouvernement a entendu supprimer le délai de carence pour les salariés confinés sur demande de l'ARS. 

De quels moyens les salariés disposent-il pour pouvoir lutter contre le coronavirus COVID-19 et prévenir sa propagation sur le territoire ? 

La santé au travail est un enjeu pour tous, on ne le répète jamais assez. Qu'il s'agisse d'une épidémie de coronavirus, d'une épidémie de grippe saisonnière ou d'une gastroentérite, les moyens d'action des salariés demeurent les mêmes.

Respecter les mesures d'hygiène élémentaires est la meilleure manière de prévenir la propagation du Coronavirus COVID-19.

L'objectif est de donner le moins de prise possible au virus, donc à la maladie. Plus contagieuse que virulente, des gestes simples permettent de limiter très efficacement sa propagation ainsi que les risques de contagion. 

1. Se laver les mains régulièrement, au savon ou, à défaut, avec une solution hydroalcoolique. Attention : il faut se             frotter les mains jusqu'au poignet pendant plus de 20 secondes pour que la mesure soit efficace. 

2. Laisser un intervalle de 1 mètre entre son interlocuteur et soi, le virus se propageant par la salive, et par voie de conséquence par les petites gouttelettes contenues dans la salive.

3. Eviter de se toucher le visage, que ce soit le nez, la bouche ou encore les yeux, sauf à s'être préalablement lavé ou désinfecté les mains. 

4. Eternuer dans son coude. -pas dans sa main, donc...

5. Utiliser des mouchoirs à usage unique... et les jeter immédiatement après usage.

Des règles simples, et régulièrement rappelées par l'Organisation Mondiale de la Santé puisqu'elles s'appliquent à chaque épisode épidémique, qu'il s'agisse du coronavirus, d'une grippe ou de toute autre maladie saisonnière. Des règles dont l'application ne devrait, en réalité, pas changer grand chose au quotidien des salariés... ou devrait les pousser à prendre de nouvelles bonnes habitudes comme le soulignait avec humour Agnès BUZIN sur BFM.

Le droit au silence en matière de santé n'existe pas. 

Si l'employeur a une obligation vis-à-vis de ses salariés, il faut savoir que cette même obligation existe aussi à charge du salarié. Chacun doit faire en sorte de favoriser ou, a minima, faire en sorte de ne pas mettre la santé et/ou la sécurité de ses collègues et collaborateurs en danger. 

Cela se traduit directement par l'absence de droit au silence en matière de suspicion de maladie.

Là encore, ce qui est vrai pour lutter contre le risque de propagation du coronavirus COVID-19 est identique à ce qui devrait être en vigueur dans les entreprises devant tout risque infectieux, c'est-à-dire que dans tous les cas de suspicion d'une contamination, la vôtre ou celle de l'un de vos collaborateurs, vous devez immédiatement en informer votre hiérarchie et rester chez vous jusqu'à l'élimination des soupçons. 

Respecter les mesures préconisées par le personnel médical en cas de confinement par exemple.

Si vous êtes identifié comme un cas suspect, en particulier si vous avez eu un contact à risque, le personnel médical peut décider de vous placer en quarantaine afin de surveiller l'apparition d'éventuels symptômes, la période d'incubation du nouveau coronavirus étant de 14 jours.

Or, pendant ce temps, il est recommandé aux salariés de rester chez eux et d'éviter tout contact avec un tiers. Le confinement faisant suite à un arrêt maladie, le salarié ne peut pas non plus télétravailler. 

Cela peut être extrêmement frustrant pour toute personne qui ne serait pas réellement malade ou ne développerait pas de symptômes aigus. Reste que si vous ne respectez pas les consignes qui vous ont été délivrées par les autorités médicales, vous engagez votre responsabilité et pouvez être sanctionné disciplinairement pour faute si vous allez travailler, ou financièrement par la CPAM.

Si les autorités médicales, en particulier le SAMU, un infectiologue ou un personnel de l'ARS vous engage à rester chez vous et à être confiné, il est essentiel de respecter les prescriptions faites. Après tout, mieux vaut être arrêté pendant 14 jours chez soi que de contaminer plusieurs personnes au risque de contaminer une personne fragile...  

Le port du masque n'est recommandé que pour les personnes infectées.

Les masques chirurgicaux évitent de projeter les sécrétions buccales et nasales de leurs porteurs. C'est-à-dire qu'ils empêchent que les gouttelettes de salive ne soient projetées sur votre interlocuteur, sur les objets à portée ou tout simplement dans l'air. 

C'est pourquoi le port du masque est recommandé aux personnes d'ores et déjà infectées : afin de réduire le risque d'infection. 

Cependant, comme le rappel le Ministère de la Santé, l'efficacité du masque "n'est pas démontrée" pour les personnes non contaminées. Et pour cause ! Ce n'est pas parce que vous protégez votre bouche que vous ne pouvez pas être infecté, par exemple en vous frottant les yeux après avoir ouvert une porte ou vous être tenu(e) à la rampe de sécurité d'un métro sur laquelle une personne infectée a toussé... ou qu'elle a elle-même tenu après avoir éternué dans sa paume... 

Si le nouveau coronavirus est finalement moins dangereux que beaucoup l'ont craint pendant un temps, il n'en demeure pas moins extrêmement contagieux, ce qui a nécessairement un impact sur les acteurs économiques, en particulier les salariés et les entreprises. Et pourtant, sa prévention passe beaucoup par l'application de règles qui devraient être des règles de vie quotidienne, à savoir les règles d'hygiène élémentaires. Car la santé, surtout la santé au travail, c'est finalement l'affaire de tous ! 

                                                                                                                 Ingrid TRONET

                                                                                                              TRONET CONSEILS