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1er janvier 2020 : pas de coup de pouce, mais une augmentation de 1.2 % du SMIC

1er janvier 2020 : pas de coup de pouce, mais une augmentation de 1.2 % du SMIC
Le 19 décembre 2019
Pas de coup de pouce en plus de la revalorisation automatique du SMIC. A compter du 01 janvier 2020, le SMIC mensuel s'établit à 1521.22 euros brut, soit 1.219 euros mensuels, soit une hausse a minima de 1.2 % conforme aux recommandations du rapport CETTE

Chaque nouvelle année apporte son lot de bonnes résolutions, mais aussi de revalorisation et de nouvelles mesures, en particulier en droit social. Le montant du SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) ne fait pas exception : il change tous les ans au 01 janvier.  Lors d'une précédente interview au Parisien en date du 16 décembre, Muriel PENICAUD, Ministre du Travail, avait annoncé qu'elle proposerait une revalorisation du montant du SMIC à hauteur de 1.20 € au prochain Conseil des Ministres. C'est désormais chose faite. Reste que le nouveau montant doit être confirmé par Décret. 

Pas de coup de pouce pour le SMIC 2020.

Cette année encore, la question était sur toutes les lèvres... Le Gouvernement serait-il favorable à un "coup de pouce" en faveur du SMIC ?

Muriel PENICAUD, globalement hostile au concept du coup de pouce.

Si certains avaient craint que l'annonce de l'absence d'un bonus en faveur des personnes payées au salaire minimum aurait pu "alimenter un peu plus les manifestations [du 17 décembre] contre la réforme des retraites", à l'image de Karen GOURNAY, Secrétaire Confédérale chez Force Ouvrière dans une interview donnée au Monde et publiéé le 17.12.19, l'annonce ne constituait absolument pas une surprise. 

En effet, on le sait, Muriel PENICAUD en particulier est opposée à ce type de mesure qui "détruit des emplois". En 2018 déjà, elle avait expliqué sa position en indiquant que "Si on augmente tous les salaires de façon automatique, il y a plein d'artisans et de commerçants qui vont mettre la clef sous la porte, ou alors il vont augmenter les prix et personne ne pourra se payer le service". 

Un coup de pouce déconseillé pour la 3ème année consécutive par le Comité CETTE.

En outre, et pour la troisième année consécutive, le Comité d'Experts indépendant présidé par Gilbert CETTE avait recommandé dans son rapport remis le 28.11.2019 "de s'abstenir de tout coup de pouce", estimant que la revalorisation automatique suffisait amplement à maintenir le pouvoir d'achat des personnes concernées. Nous vous invitons d'ailleurs à comprendre pourquoi la Commission CETTE estime qu'augmenter encore le SMIC risquerait de maintenir des employés à un bas niveau de salaire et de dégrader plus encore la compétitivité des entreprises dans notre article dédié.

Une absence de coup de pouce vécue comme certains comme "une occasion manquée" ou "une provocation supplémentaire"... mais qui demeure finalement sans surprise.

Une revalorisation a minima de 1.2 % à compter du 01 janvier 2020.

Sans coup de pouce, le SMIC sera donc revalorisé au 01 janvier 2020 uniquement en fonction des mécanismes de revalorisation automatique, bien que ceux-ci soient également contestés par les experts, et au terme d'une stratégie de communication qui a du mal à passer auprès des élus syndicaux.

A compter du 01 janvier 2019, le SMIC horaire devrait passer à 10.15 euros brut. 

Sans surprise non plus, la hausse proposée par Muriel PENICAUD est le résultat de "la hausse de 0.7 % de l'inflation (...) et aussi de la moitié de l'augmentation des salaires des ouvriers et employés, soit 0.5 %", c'est-à-dire de l'application de la revalorisation automatique à laquelle s'oppose depuis bientôt 3 ans le Comité CETTE.

Une fois ce chiffre confirmé par Décret, le SMIC horaire brut devrait donc passer de 10.03 euros à 10.15 euros bruts, le SMIC mensuel passant à 1539.42 euros brut, soit une augmentation brute de 18.20 euros.

Une revalorisation a minima défendue par les experts du Comité CETTE.

Une revalorisation que certains, surtout en période de contestation sociale et de grèves, estiment trop faible, alors que les arguments mis en avant par les experts restent globalement les mêmes que sur les 3 dernières années : "le revenu disponible au salaire minimum en France en 2019" est relativement important puisque c'est déjà le plus élevé dans les pays occidentaux, et la revalorisation du salaire minimum aurait "un impact limité" sur le sort des foyers les plus pauvres.

Selon le Comité CETTE, la meilleure stratégie pour réduire le nombre de personnes vivants sous le seuil de pauvreté (ndlr : 1.050 € mensuels en 2018 pour un individu seul) n'est donc pas d'augmenter le SMIC, mais d'augmenter la prime d'activité. Ce qu'avait d'ailleurs suivi le Gouvernement d'Emmanuel MACRON à la fin de l'année 2018, en réponse au mouvement des Gilets Jaunes. 

Une stratégie validée par Muriel PENICAUD puisque la Ministre du Travail estime que cette mesure, ajoutée à d'autres, débouchera pour une personne rémunérée au SMIC sur une augmentation des ressources de "près de 2.000 euros" par an en 2020 par rapport à l'année 2017. 

Une revalorisation qui froissent les représentants syndicaux.

Au-delà de la stratégie économique, c'est la stratégie de communication de Muriel PENICAUD qui est remise en cause par les organisations syndicales. 

En effet, les arbitrages de la Ministre d'Edouard PHILIPPE avaient été annoncés par la presse quelques heures avant la réunion de la Convention Nationale de la Négociation Collective consacrée, justement, à la revalorisation du SMIC. 

"Tout se passe comme si les instances dans lesquelles nous siégeons servaient de cellule d'enregistrement" se désole Karen GOURNAY (FO), rejointe par Gilles LECUELLE (CFE-CGC), qui résume la démarche ainsi : "en gros, on se fout de notre avis". 

                                                                                                                                                                      Ingrid TRONET

                                                                                                                                                Tronet Conseils, Ingénierie RH et Développement