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Grève des routiers : une mobilisation contre la réforme du Code du Travail, mais pas que.

Grève des routiers : une mobilisation contre la réforme du Code du Travail, mais pas que.
Le 25 septembre 2017
A l'initiative des syndicats transport CGT et FO, les routiers ont débuté aujourd'hui une grève reconductible. Mais pourquoi les transporteurs font-ils grève ? Contre la réforme du Code du Travail oui

A l’appel de la CGT et FO, les routiers ont entamé une grève contre la réforme du code du travail… mais pas seulement. Décryptage.

Les routiers ont promis que « ça allait chauffer ». Sans surprise donc, à l’appel des fédérations transport de la CGT et FO, les routiers ont commencé à bloquer les sites stratégiques : dépôts de carburant et raffineries. Ils manifestent contre la réforme du Code du Travail, bien sûr, mais pas seulement. On vous dit pourquoi.

Les routiers appellent au retrait « pur et simple des ordonnances » (Fabien Dautan, délégué CGT transports en Gironde).

Pour les syndicats transport Force Ouvrière et CGT, les ordonnances signées vendredi par Emmanuel Macron devant les caméras et publiées samedi au Journal Officiel entraîneront nécessairement un fort recul des acquis sociaux de la profession dans un secteur déjà soumis à une concurrence internationale extrêmement agressive.

Dans les faits, 80% des entreprises du transport ont moins de 20 salariés et une représentation syndicale à géométrie variable. Les ordonnances leur ouvrent donc la possibilité de négocier des accords d’entreprise sans passer par les syndicats… et ces accords pourront porter notamment sur les primes type prime d’ancienneté ou treizième mois (qui relevaient jusqu’à présent de la branche et s’imposaient donc à l’employeur).

La crainte des syndicats est que les entreprises se lancent à une course au « moins-disant social » afin de remporter les appels d’offre… au détriment des salariés qui seront plus vulnérables et moins bien représentés. Des salariés qui pourraient être plus facilement licenciés et qui seraient moins bien indemnisés aux prud’hommes du fait du plafonnement des indemnités.

Même si la fédération patronale OTRE a clairement indiqué qu'"Aucun accord d'entreprise ne pourra être moins-disant que la convention collective. Affirmer le contraire est un mensonge et une manipulation", tandis que les organisations FNTR et TLF ont pour leur part dénoncé "un mouvement politique".

Pour autant, la lutte contre les ordonnances portant réforme du Code du Travail n’est pas la seule motivation de la grève reconductible entamée ce lundi.

Une grève surtout motivée par les craintes liées aux travailleurs détachés.

En effet, la profession s’inquiète également de l’avenir du CFA (Congé de Fin d’Activité), dispositif qui permet aux salariés de la branche de bénéficier d’une retraite anticipée 5 ans avant l’âge légal du fait de la pénibilité. Un accord a bel et bien été signé en ce sens en avril 2017 entre le gouvernement et les partenaires sociaux afin de sécuriser le régime et garantir son financement jusqu’en 2020, mais pour être valable, il faut que ce texte soit inscrit dans le prochain projet de loi de finance de la Sécurité Sociale. Ce qui n’est pas le cas à ce jour selon les syndicats, même si Elisabeth Borne, Ministre des Transport, a assuré vendredi lors de son entretien avec les partenaires sociaux que l’accord serait bien appliqué.

Enfin, la dernière grande inquiétude de la profession concerne les contrats détachés,  dispositif qui permet à une entreprise de l’UE d’envoyer ses salariés en mission dans d’autres pays tout en s’acquittant de leurs cotisations sociales dans leur pays d’origine –système évidemment très défavorable à la France et qui entraîne un véritable dumping social. Des discussions sont en cours entre les pays membres de l’Union Européenne sur cette question, mais les routiers français s’impatientent sur le sujet.