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Intelligence artificielle (IA) : quels impacts sur les conditions de travail de demain ?

Intelligence artificielle (IA) : quels impacts sur les conditions de travail de demain ?
Le 11 mai 2018
Le 28 mars, France Stratégie et Cédric VILLANI ont rendu public leurs rapports sur l'intelligence artificielle (IA) et l'emploi, intégrant notamment la question de son impact sur les conditions de travail. Focus.

La question de l'Intelligence Artificielle (IA) n'intéresse pas seulement les start-up de la Sillicon Valley, les multi-milliardiaires tels qu'Elon MUSK, les grands laboratoires ou les professeurs spécialisés... Elle intéresse également de plus en plus le monde du travail... et en particulier le Gouvernement et Emmanuel MACRON.

C'est ainsi que, chargé par le le Premier Ministre Edouard PHILIPPE de réfléchir à la problématique, le Secrétaire d'Etat au Numérique Monir MAHJOUBI a confié au mathématicien et député En Marche ! Cédric VILLANI, décoré de la Médaille Field et du prix Fermat, membre de la Commission des Loi et président de l'Office Parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) de l'Assemblée Nationale et du Sénat une mission d'information sur le sujet... à peine 6 mois à peine après le dernier rapport. 

« J’avais besoin de trouver un partenaire qui pense différemment qu’au gouvernement. Cédric Villani a une méthode de travail, du fait de son métier de mathématicien, assez hétérodoxe et complète », a indiqué Monir MAJHOUBI au JDD.

Cédric de VILLANI et FRANCE STRATEGIE ont rendu public leur rapport le 28 mars 2018, intégrant notamment la question de l'impact sur les conditions de travail et apportant des clés pour concilier au mieux intelligence artificielle et qualité de vie des salariés au travail.

Qu'est-ce que l'intelligence artificielle ou IA ?

On entend beaucoup parler d'IA, de nombreux films ou documentaires sont parus sur la question. En réalité, l'Intelligence Artificielle se définie comme un ensemble de théories et de techniques mises en œuvre afin de réaliser des machines capables de simuler l'intelligence humaine.

L'intelligence artificielle fait partie intégrante de la révolution numérique. Elle est la suite logique de l'informatisation du monde du travail et de la robotisation de l'industrie. Et si les progrès en matière de traitement massif de données peut donner des inquiétudes, notamment par rapport aux données personnelles ou aux réseaux sociaux, l'apprentissage des machines et leur prise de décision que cela permet autorise même les plus sceptiques à croire à l'automatisation d'un nombre croissant de tâches dans l'ensemble des secteurs d'activités : voice-pincking dans la logistique par exemple, chatbot dans les relations de service, véhicule autonome, robot assistant pour les personnes âgées ou handicapées... Les applications sont extrêmement nombreuses.

Quelles sont les conséquences de l'Intelligence artitificielle (IA) sur les conditions de travail ?

Le risque de voir apparaître une IA supérieure au cerveau humain demeure de la science-fiction. Il reste très faible à ce jour. Cependant, l'introduction de ces nouvelles technologies en entreprise aura obligatoirement un impact sur les conditions de travail en général, tant dans son contenu que dans son organisation. 

Le rapport de Cédric VILLANI et de FRANCE STRATEGIES met en lumière de nombreux impacts sur la manière de travailler de demain au travers d'exemples issus de secteurs aussi divers que les transports routiers et ferroviaires, la banque de détail ou la santé. Certains positifs, d'autres plutôt négatifs. 

Ainsi, le rapport relève que ces changements peuvent créer de réelles opportunités par exemple en soulageant les salariés de leurs activités les plus routinières ou répétitives, en leur facilitant certaines tâches telle la maintenance par exemple, ou en diminuant la pénibilité physiques ou psychiques de certaines missions (un robot intervenant en complément des infirmières et aides-soignantes en gériatrie ou auprès de personnes handicapées par exemple).

Cependant, il note aussi que les évolutions liées à l'IA peuvent, si elles ne sont pas bien encadrées, engendrer de vrais risques en cas d'organisation tayloriste : un risque de surcharge cognitive si les salariés ne traitent plus que des tâches complexes et/ou sur un rythme plus soutenu, réduire l'autonomie du salarié et augmenter son isolement (comme on a pu le noter par exemple avec le voice-picking par exemple dans des centrales telles LIDL), ou fragmenter davantage les tâches des salariés en limitant ses possibilités d'avoir une vision globale. 

Quel rôle les entreprises peuvent-elles jouer sur l'impact de l'IA sur les conditions de travail ?

Sans surprise, le rapport rappelle que ce seront les choix des entreprises, la manière dont elles introduiront l'intelligence artificielle dans leurs secteurs, qui détermineront les impacts, positifs ou négatifs, que l'intelligence artificielle pourra avoir sur le travail et, in fine, sur la définition de l'organisation du travail. 

Pour les auteurs du rapport, tout dépendra de la capacité que nous aurons à anticiper cette évolution en recherchant une complémentarité humain-machine. FRANCE STRATEGIE et Cédric VILLANI offrent d'ailleurs plusieurs pistes de réussites comme se préparer à ces changements afin de ne pas se laisser surprendre par un scénario disruptif ; privilégier la co-construction avec les salariés des modalités de mise en oeuvre à l'image du principe général de prévention visant à adapter le travail à l'homme, et non l'inverse ; former les salariés en intégrant la transformation numérique inévitable dans le GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences) afin de l'anticiper ; mettre en place une véritable organisation apprenante au sein même des entreprises.

Mais le rapport va plus loin. Au-delà du rôle des entreprises, les auteurs conseillent fortement des travaux de prospective au niveau des branches afin d'améliorer l'information des entreprises et, par suite, leur permettre d'anticiper la mutation technologique ainsi qu'une adaptation du droit encadrant les conditions de travail afin de permettre une meilleure prise en compte de cette mutation. 

"Les tentatives de création de machines pensantes nous seront d'une grande aide pour découvrir comment nous pensons nous-même" prophétisait en son temps Alain Turing, le père de l'intelligence artificielle. Une prophétie qui semble aujourd'hui bien d'actualité tant il semble évident que les impacts de ces nouvelles technologies sur nos conditions de travail dépendront d'abord et avant tout de nos choix d'humains, que l'on soit employeur ou salarié.