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L’état de santé et la sécurité des sapeurs-pompiers, on en parle un peu ?!

L’état de santé et la sécurité des sapeurs-pompiers, on en parle un peu ?!
Le 08 octobre 2018
Janvier 2018 marque le début d’un slogan lancé par la FNSPF qui n’aurait pourtant jamais dû voir le jour...: « #TouchePasAMonPompier ».Cela fait suite à la hausse et la récurrence des agressions subies. Mais elles ne sont pas leurs seuls problèmes...

En effet, à cela s’ajoute le développement de maladies mais également parfois la gestion d’un stress post-traumatique. L’étude de ces 3 grands axes vous est donc proposée dans cet article.

#TouchePasAMonPompier c’est quoi ?

Les Sapeurs-Pompiers sont là pour venir en aide à la population. Si les agressions envers eux ont toujours existées, elles tendent aujourd’hui à se multiplier rapidement et ceux dans une incompréhension totale pour eux. Cela se traduit par des insultes, des menaces, des coups… Aujourd’hui les formes d’agressions semblent sans limites.

Selon L’observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales (ONDRP), entre 2014 et 2015 le nombre de déclarations d’agression à augmentées de 21%. D’après la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France (FNSPF), 2280 agents ont été victimes d’agressions en 2016 (17.6% de plus qu’en 2015). Pour ce qui est de l’heure actuelle, la dernière agression la plus marquante remonte au 4 septembre 2018 à Villeneuve-Saint-Georges lors d’une mission de services à personnes entraînant la mort d’un des soldats présents lors de l’intervention et en blessant un autre.

La crainte est donc forte pour ces pompiers, qui pourraient alors se demander à chaque départ s’ils ne seront pas agressés. C’est alors le mental de ceux-ci qui en prend un coup, mais aussi leur travail, puisque leur stress pourra être augmenté.

Une question écrite de Mme Martine Berthet a été publiée dans le JP du Sénat du 30/11/2017 (n°022701, p.3740). Dans celle-ci, il est signalé quant aux agressions que « ces faits ont été banalisés et rien n’a changé ». Elle dénonce l’augmentation des demandes de changement d’affectation dans les régions les plus touchées et la peur de porter plainte craignant les représailles. Ainsi sont demandées les mesures qui pourraient être prises pour que « les pompiers puissent exercer leur métier en toute sécurité » et quelle suite sera donnée « à la demande d’anonymisation de la plainte ». La réponse donnée est claire, une loi du 28/02/2017 (n°2017-258) est venue renforcer les sanctions pénales pour les auteurs de violences contre les Pompiers. Il est également mentionné que « les ministères de la justice et de l’intérieur travaillent à ce que non seulement les condamnations soient plus nombreuses et systématiques, mais surtout à ce que les peines soient effectives et exécutées ». De plus, les dépôts de plaintes doivent être facilités. Ils pourront se faire sur rendez-vous ou directement dans leur centre d’incendie et secours.

Leurs collègues du SMUR 83 vont être équipés de gilet pare-balles pour les motifs de « patients agités, violents et/ou psychiatriques », « intervention sur détenus en milieu carcéral », « plaies par armes à feu, armes blanches », » intervention dans cités sensibles », « évènements terroristes dimensionnant ou isolés ». Pour certains de ces motifs, cela paraît normal, pour d’autres…Jusqu’où devront nous aller pour protéger suffisamment ces agents représentant l’Etat ? Tout en sachant qu’ils sont amenés à intervenir après accord de la police et donc mise en sécurité normalement suite à un attentat.

En Angleterre, un projet de loi devrait voir le jour pour renforcer les sanctions pénales à l’encontre des agresseurs.

Le 3 août 2008, une loi a autorisé le port de caméras individuelles, si la préfecture vient à valider ce dispositif, 3 casernes azuréennes pourraient le tester.

L’évolution des maladies développées par les pompiers

Ce sujet sensible n’est plus à cacher, à l’heure d’aujourd’hui, les risques de développer des maladies chez les Sapeurs-Pompiers sont bien connus. Depuis le mois de février, une campagne d’affichage a vu le jour et montre que les modes de contaminations peuvent faire suite à l’inhalation, l’absorption cutanée ou encore l’ingestion d’éléments. Les risques peuvent être immédiats (décès, asthme aigue), différés à 10-15 ans (asthme, bronchite chronique, troubles cardiovasculaire) ou à plus de 15 ans (cancer).

Toujours selon ces affiches des procédures afin de limiter ces maladies ont été pensées tel que la mise en place de tenues adaptées lors de la vérification des engins, adapter le port de chaussant aux locaux de vie ou encore limiter si possible le stockage d’EPI dans les locaux de vie et lieux de passage.

Le 21 septembre 2017 un rapport sur la prévention des risques induits par les fumées sur la santé des sapeurs-pompiers a été publié par la Caisse Nationale de Retraites des Agents des Collectivités Locales (CNRACL).

La lutte contre toutes maladies commence dès l’engagement de tout pompier car « Le contrôle de l'aptitude médicale du sapeur-pompier, tout au long de la carrière, constitue également une première démarche de médecine de prévention permettant de s'assurer de ses capacités à assumer les fatigues et les risques ou à prévenir une éventuelle aggravation d'une affection préexistante liée à l'accomplissement des fonctions ou des missions qui lui sont confiées ». (Article 1, arrêté du 6 mai 2000). D’ailleurs, « La périodicité des visites, hors visites de recrutement et d'engagement, est annuelle ; sur décision du médecin chargé de l'aptitude, cette périodicité peut être portée à deux ans pour les sapeurs-pompiers âgés de 16 à 38 ans. » (Article 5, arrêté du 6 mai 2000).

La gestion possible d’un stress post-traumatique

Un stress post-traumatique a lieu après une intervention. On pense souvent aux interventions manquantes telles que la perte d'une victime en jeune âge ou encore la perte d’un collègue. Mais cela peut aussi faire suite à une intervention qui a eu lieu chez un membre de la famille. Selon des recherches statistiques évoquées par Madame Sarah Gstalder (psychologue experte sapeur-pompier en Haute-Loire) lors d’une interview, 35% des sapeurs-pompiers souffrent de ce stress qui se traduit par des « flashbacks », un évitement de lieux ou encore des manifestations neurovégétatives. Ainsi, d’après elle, « lorsqu’on est pompier, toute intervention peut être potentiellement traumatogène même si, effectivement, leur formation, leur opérationnalité et leur connaissance du terrain les aident en principe à gérer ce stress ».

Les pompiers américains sont fortement touchés par le stress post-traumatique. Celui-ci découle souvent des incendies dévastateurs (64 décès à travers les Etats-Unis) qu’ils peuvent connaître notamment en Californie (5 pertes humaines cette année). A ces tristes chiffres, il faut ajouter 45 suicides suite à des interventions difficiles créant un stress post-traumatique. Comme le dit Matt Shobert, ancien Pompier américain, en parlant de lui et ses collègues, « Nous ne sommes pas des super-héros. Tout le monde a ses limites ».

Ainsi, suite à des interventions traumatisantes pour tous ou quelques-uns, le suivie psychologique est indispensable. Des psychologues sont donc là pour être à l’écoute des Sapeurs-Pompiers qui en ressentent le besoin. De plus, dans le cadre de la formation des Sapeurs-Pompiers Volontaires (notamment dans le SDIS 62), un module nommé « le stress et épuisement professionnels, la méthode de gestion du stress et les structures de soutien » est mis en place et présenté à toute nouvelle recrue par un officier expert du service SSSM.

 

 

Jeanne Caillier.