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Santé mentale au travail, souffrance psychologique : vers la fin d'un tabou ?

Santé mentale au travail, souffrance psychologique : vers la fin d'un tabou ?
Le 19 septembre 2018
Santé mentale au travail, souffrances psychologiques ou encore stress en entreprise : une américaine a averti son employeur qu'elle serait absente pendant 2 jours pour préserver "sa santé mentale". Aujourd'hui, est-ce possible en France ?

Et si Madalyn Parker, développeuse américaine devenait un exemple pour les Français ?

Rares sont ceux qui oseront s’absenter pour des raisons de santé mentale et préféreront rester discret sur leur état. Mais Madalyn Parker, en a décidé autrement il y a un an.

Il est vrai qu’en 2017, les maladies liées au mental des salariées étaient fréquentes, pourtant peu de monde en parle ouvertement, voyant celles-ci comme une honte installée en eux-mêmes. C’est pourtant sans crainte que cette américaine a envoyé un e-mail à son employeur lui expliquant qu’elle serait absente durant deux jours pour protéger sa santé mentale et ainsi revenir en meilleure forme. C’est avec une grande surprise, que son employeur l’a félicité d’avoir osé dire la vérité. Seriez-vous prêt à ne plus cacher votre détresse mentale derrière une violente migraine ou autres maladies moins frustrantes ?

Une prise de conscience face au taux de suicide en constante évolution

Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé a présenté un projet le 28 juin 2018 dans le but d’améliorer la vision des travailleurs quant à leur santé mentale. Trois axes majeurs régulent ce projet : « promouvoir le bien-être mental, prévenir et repérer précocement la souffrance et les troubles, ainsi que prévenir le suicide ».

Selon des études, le métier de policier est le plus touché avec 40 à 55 suicides par an souvent reliés à un « stress particulièrement intense ». Face à cette profession, l’éducation est parmi les moins touchées (15.6 cas sur 100 000).

Ces agissements sont d’actualités et risquent de le rester encore un moment, le dernier suicide connu pour le département du Nord concerne la fonction publique. Il remonte au 6 septembre 2018 au sein des locaux de la préfecture de Lille.

Il est donc temps, en 2018, de faire une reconnaissance totale et sérieuse de tous ces risques amenant au suicide afin de pouvoir les encadrer et de réduire ces agissements portant atteinte à la vie humaine du concerné. De plus, une répercussion est possible sur la santé mentale des autres travailleurs créant ainsi un possible phénomène de « ricochet ». Il faut donc préserver le monde du travail.

Une lutte contre le harcèlement moral

Les faits ne remontent pas à aujourd’hui, Marie-France Hirigoyen dénonçait déjà un lien entre la santé mentale et le harcèlement en 1998. Le harcèlement et l’intimidation sont encore aujourd’hui source de conflit menant parfois la partie la plus faible à une destruction de sa santé mentale. Pourtant, aujourd’hui, des solutions existent pour mettre fin à ce genre de situation.

En effet, l’employeur doit prendre « les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs » (L.4121-1 code du travail). L’article suivant prévoit 9 mesures en vue de prévenir ce risque. Il ne s’agit pas uniquement du comportement des autres salariés, l’employeur peut également être fautif notamment en laissant évoluer ses employés face à des conditions de travails dégradantes.

La protection de la santé mentale d’un salarié commence par une bonne information face à des situations comme le harcèlement ou l’intimidation… Mais l’employeur a également le devoir de faire cesser toute situation incommode dès qu’il en a la connaissance. Ainsi, face à son obligation de sécurité de résultat, il ne sera pas fautif s’il « justifie avoir pris toutes les mesures de prévention » prévus aux articles précédemment cités. (Cass. Soc., 1eer juin 2016, pourvoi n°14-19.702)

Un salarié en bonne santé est un salarié productif

Et oui…il en va de soi. Une bonne condition mentale entraîne une entente cordiale dans une équipe et de ce fait permet une productivité sans encombre. Deux salariés qui ne s’entendent pas ou encore un salarié faisant subir à l’autre des faits de harcèlement ne permettront pas un travail productif. La bonne entente au sein d’une équipe est primordiale, encore plus avec le contexte actuel (suicides à répétition, prises d’otages dans les entreprises…). Une personne qui a confiance en ses collègues pourra leur parler plus simplement de ses problèmes, et encore plus lorsque ceux-ci sont liée à un stress causé par le travail (intervention difficile pour un pompier, perte d’un patient pour une infirmière ….). Cela est également valable pour les dirigeants d’entreprises. Au plus ils seront accessibles par leurs salariés au plus ceux-ci leur feront confiances et ne chercheront pas à cacher leurs difficultés, se laissant ainsi aider avec les solutions existantes aujourd’hui.