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Chômage : quand d'anciens ministres et députés pointent à Pôle Emploi, au chômage.

Chômage : quand d'anciens ministres et députés pointent à Pôle Emploi, au chômage.
Le 31 décembre 2017
La fameuse "courbe du chômage" qui aura servi de baromètre au précédent quinquennat aura fini par les rattraper. Mais ces anciens ministres et députés ne s'attendaient sûrement pas à découvrir d'aussi près une réalité que beaucoup de français connaissent.

"Homme Politique", c'est une carrière. Du moins, ça l'était. Jusqu'à l'avènement des députés LREM et d'Emmanuel MACRON. Jusqu'à ce qu'un véritable tsunami de dégagisme boute hors de l'Assemblée les ténors de l'ère Hollande lors des dernières élections législatives...

Surpris par la claque présidentielle, sonnés par l'ampleur de la défaite, beaucoup d'anciens ministres et de députés socialistes n'ont pas eu d'autre choix que d'expérimenter "pour de vrai" le véritable parcours d'un chômeur en France. Une découverte. 

Des ors de la République aux (longues) files d'attente de Pôle Emploi.

"Tu sers ton pays comme parlementaire et comme ministre, en essayant de faire de ton mieux. Tu consacres une partie de ta vie à ton pays. Il n'y rien en retour, ni statut de l'élu, ni création de passerelles pour permettre de retrouver un emploi. Et dans le populisme ambiant, pas le droit de se plaindre. On est obligé de rester silencieux. On ne peut pas dire qu'on galère" déplore auprès d'un journaliste du Figaro un ancien Ministre de Hollande souhaitant conserver l'anonymat.

L'ancienne députée PS des Yvelines, Françoise Descamps-Crosnier, n'a quant à elle pas pu bénéficier de l'allocation versées aux anciens parlementaire pendant 6 mois (ndrl : cette allocation dégressive est versée par l'Assemblée. Pour les députés sortis en juin dernier, elle prendra fin au 1er janvier 2018). La raison ? Elle a été jugée suffisamment âgée pour faire valoir ses droits à la retraite.  Elle explique : "Je me suis donc inscrite à Pôle Emploi. Le conseiller m'a reçue, mais il ne savait pas bien quoi faire pour m'aider... J'ai vécu sans sérénité avec ma seule retraite de députée de 1.400 euros par mois. On est loin du parachute doré !"

Des situations très différentes à faire valoir dans un véritable mercato de la reconversion professionnelle.

Les anciens parlementaires et ministres font jouer leurs réseaux en attendant le 1er janvier. Eduardo Rihan Cypel, ancien député PS de Seine-et-Marne a enchaîné les piges sur Europe 1 et Radio Nova notamment avant d'intégrer un poste en Master spécialisé en Défense.

Pascal Cherki, ex-député maire du XIVème arrondissement de Paris a préféré prendre le temps de prendre un peu de recul : "je prépare un livre sur la période politique actuelle, je chercherai un boulot en janvier. Il a fallu que je digère. Je n'avais jamais perdu une élection depuis que je me suis présenté comme délégué de classe !".

Car comme le rappelle toujours anonymement cet ancien ministre, tous ne sont pas logés à la même enseigne : "ce n'est pas si simple de retrouver du boulot quand on ne fait pas partie d'un réseau, de la haute fonction publique, qu'on n'est pas énarque... Le corporatisme fonctionne à plein. Il n'y a pas un type de la promo Voltaire (ndrl : promotion dont faisait partie François Hollande) qui soit au chômage. Hollande a protégé les siens, ses amis, son ex-femme. Je n'ai pas de nouvelles de personne depuis que j'ai été battu. Ils n'ont qu'une seule peur, c'est que je demande de l'aide. Je regarde ça avec beaucoup de recul... et de colère".

Une situation que connaît bien également l'ancien député UDE Christophe Cavard qui analyse, toujours pour le Figaro : "C'est violent. On ne sait plus trop si on est individuellement remis en cause, si on fait partie de l'ancien monde... ou si on est seulement victime d'une immense vague qui nous dépersonnalise. Il y en a qui frisent la dépression, qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Mais ça, on ne peut se le dire qu'entre nous. On se sert les coudes parce qu'on est vus comme des nantis qui ont connu les dorures du pouvoir. On sert de défouloir".

Surprise : la politique n'a pas la côte chez les employeurs ! 

Une surprise d'autant plus grande pour la plupart de ces nouveaux demandeurs d'emplois qu'ils ont souvent découvert, à leurs dépens, que la politique -en particulier la politique à ce niveau, n'est pas une valeur ajoutée pour un employeur, bien au contraire : "Ce sont des gens qui ont eu de fortes responsabilités et qui n'avaient de comptes à rendre qu'à eux-mêmes. Sans parler de leur coloration politique, qui n'est pas forcément bienvenue en entreprise" résume l'un d'entre eux, qui souhaite également conserver l'anonymat. 

Conscients d'être globalement inadaptés sur le marché du travail, certains ont choisi de monter leur propre entreprise de conseil, à l'instar de Myriam El Khomri, de Jean Vincent Placé ou de Christophe Borgel. 

"C'est le grand truc du moment : monter sa boîte de conseil en relations publiques ou en formation, s'amuse un ancien député socialiste. Sauf que la vie, ce n'est pas du Bashung. Avec leurs petites entreprises, tous n'évitent pas la crise". 

Quand la dure vie de parlementaire rejoint la réalité...