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Durée maximale du temps de travail : Le cas étonnant de la Corée du Sud

Durée maximale du temps de travail : Le cas étonnant de la Corée du Sud
Le 07 août 2018
La durée maximale du travail dans certains pays est visiblement bien différente de la durée du travail des pays de l'Union Européenne. La Corée du Sud, par exemple, est un cas à part concernant le temps de travail.

Ce 1er Juillet, la Corée du Sud a connu une avancée majeure en matière de droit du travail : La durée maximum légale du travail est passée de 68 heures à 52 heures, soit une diminution de 16 heures du temps de travail.

Cette situation qui pourrait paraître absurde pour les pays d’Europe occidentale n’est néanmoins pas aussi évidente pour la Corée du Sud. Explications.

Le travail, une organisation militarisée en Corée du Sud

La Corée du Sud, 3ème pays travaillant le plus selon l’OCDE, est un pays réputé pour ses journées sans fin.

En effet, ses semaines qui étaient encore récemment jusqu’à 68 heures de travail ne laissaient que très peu de place à la vie personnelle des salariés .

Ces longues journées s’expliquent par le fait que la tradition exige que le salarié parte après son supérieur.

Dès lors, si le supérieur fait de l’excès de zèle, on se doute bien que le salarié n’est pas prêt de quitter le travail à des heures normales…

Ici, le respect du droit à la vie privée n’est pas une priorité.

La culture Coréenne fait que le travail est vue comme une valeur et un impératif, dès lors, le fait de travailler beaucoup est bien perçu.

La pression sociale est telle que la mairie de Séoul a dû recourir à une solution inédite pour forcer les salariés à arrêter de travailler : Elle a décidé de couper l’électricité dans ses bureaux à partir de 19H.

Pour nous, Français, une telle situation semblerait inacceptable .

Cependant, il convient de rappeler que la durée maximale du travail en France n’est pas de 35h, mais de 48H sur une même semaine dans la limite d’une moyenne de 44H sur une période de 12 semaines. La limite sur une semaine peut même monter jusqu’à 60h avec l’accord de l’inspection du travail !

En prenant cela en compte, on se rends compte que certains Français peuvent avoir une situation proches de celle des Sud Coréens.

Un temps de travail élevé vecteur d’un fort mal-être au travail

La Corée du Sud fonctionne sur un système très exigeant lié à la productivité et au présentéisme.

Ne pas travailler est synonyme de discrédit et la pression sociale est naturellement élevée dans ce pays où le travail est une vertu.

Cette situation n’est pas sans rappeler celle du Japon où le taux de suicide pour cause de burn-out est très élevée.

Les sociétés où le travail a une place omniprésente présentent le défaut d’être très destructrices pour le corps et l’esprit des salariés.

En effet, priver les salariés d’une vie privée ou la réduire au strict minimum réduit le bonheur du salarié et peut le pousser lentement vers la dépression.

Dans les pays Européens, le style d’horaires permet aux salariés de jouir à la fois d’un travail mais aussi d’une vie familiale de qualité.

De ce fait, ils peuvent s’épanouir plus facilement et moins souffrir des risques psychosociaux.

Il convient cependant de noter que l’Autriche suit un parcours plus délétère en passant sa durée de travail de 50 à 60H par semaines, ce qui risque d’épuiser considérablement les salariés et de multiplier les cas de burn-out.

Dans le cas de la Corée du Sud, il est compréhensible que le taux de natalité soit en baisse aux vues du temps phénoménal alloué au travail.

Le travail est donc un élément nocif à la vie personnelle des salariés et même si la baisse du volume maximal horaire est appréciable, il faudrait qu’elle soit continuée car le temps de travail reste élevé.

En France, une telle situation serait improbable.

En effet, le Code du Travail prévoit des règles permettant au salarié d’assurer sa vie de famille tout en ayant une vie professionnelle. De plus, des règles concernant le temps de repos existent afin d’assurer au salarié une sécurité, un confort nécessaire à son travail.

Et la différence entre ces deux pays est sensible :

La productivité en Corée du Sud est faible alors que la productivité en France est élevée.

Dès lors, peut-être que moins travailler est la clef de la productivité ? Il convient pour la Corée du Sud d’explorer cette hypothèse.


L’équipe juridique Droit-Travail-France