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Egalité des sexes au travail : le Name and Shame de Marlène Schiappa.

Le 22 septembre 2017
Schiappa tient parole et dévoile le nom des 10 cancres de l’égalité hommes-femmes. Et les bonnets d’âne sont pour…

User du « name and shame »…   Tous les ans, le Cabinet Ethics and Boards classe les entreprises du SBF 120 les plus vertueuses en matière de féminisation de leurs instances dirigeantes et politique en matière de mixité. Un classement qui tient compte de divers critères tels que la présence de femmes au sein des instances dirigeantes (conseil d’administration, comités exécutifs ou de direction, …), la mixité dans le « top 100 », l’existence de réseaux de femmes en interne ou l’objectif de mixité dans la rémunération variable et qui est… public.   Le 12 septembre dernier, conformément à son engagement, la Secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre hommes-femmes organisait une action de sensibilisation à la mixité pour les 10 entreprises particulièrement à la traîne dans ce domaine.  Mais « malgré des invitations réitérées » a tenu à souligner Marlène Schiappa, deux entreprises ont choisi de ne pas venir. La compagnie pétrolière Maurel et Prom et le fournisseur de services pour l’industrie biopharmaceutique Sartorius Stedim Biotech (SSB).   Conformément à ce qu’elle avait annoncé et sous l’œil des caméras, Marlène Schiappa a donc affiché leur noms sur la porte du Secrétariat à l’égalité entre les hommes et les femmes selon la technique très en vogue du « name and shame » (littéralement « nommer et faire honte »).   « Il est dommage qu’elles n’aient pas saisi la main que l’Etat leur tendait ce matin. Non seulement ces entreprises sont parmi les dernières du baromètre Ethics and Boards sur la féminisation des instances dirigeantes, mais elles ont refusé d’être sensibilisées gratuitement sur le sujet » conclu sèchement la Secrétaire d’Etat Schiappa.   « L’égalité professionnelle est un enjeu de société, de communication, de performance, en plus d’être une obligation légale » rappelle la Secrétaire d’Etat. « Il est du devoir des pouvoirs publics d’être du côté des femmes, mais aussi aux côtés des entreprises pour avancer ».   Une promesse de campagne. Saluée comme une opération de communication qui a le mérite de mettre en lumière une problématique souvent méconnue, l’ampleur de l’opération demeure malgré tout modeste, tant les discriminations dans le monde du travail demeurent persistantes : 27% en moyenne d’écart de salaire entre les hommes et les femmes, 7% de femmes PDG par exemple.   Sur 2 271 mises en demeure adressées à des entreprises non couvertes par un accord ou un plan d’action en la matière, seules 116 ont acquitté des pénalités financières pour un montant total de 613 000 euros.   Mais en dépit de plusieurs recours en justice, dont le dernier en juillet 2017, la liste des entreprises condamnées n’a toujours pas été rendue publique par la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) au motif que sa révélation « pourrait leur causer préjudice ». L’auteur des recours, le conseiller régional Europe Ecologie-Les Verts d’Ile-de-France, Julien Bayou, conteste  « Selon la loi, elles ne peuvent pas concourir aux marchés publics mais nous n’avons pas leurs noms !! »   Parier sur le « name and change » Seuls les noms des entreprises invitées mais qui ne se sont pas présentées a été épinglé par Marlène Schiappa. Cependant, parmi les invités se trouvaient notamment Nokia, Neopost, Arcelor Mittal, Genfit, LafargeHolcim, ST Microelectronics…   Le Directeur des Affaires Publiques de Nokia, Marc Charrière, a cependant tenu à souligner qu’Ethics and Boards n’avait manifestement pas eu toutes les données pour établir son palmarès (et notamment l’existence en interne d’un réseau féminin), estimant que Nokia devrait se classer au moins « vingt places plus haut ».   Ethics and Boards a effectivement reconnu qu’en « l’absence de réponse au questionnaire, seuls les chiffres publics pouvaient être pris en compte, impactant potentiellement le classement ».   Reste que « cette formation était utile » reconnaît Mark Charrière à l’AFP, estimant qu’ « il faudrait même l’élargir à plus d’entreprises ».   « L’entreprise doit apporter une plus-value sociale ». « Mon message est toujours de dire aux entreprises considérant que le sexe de la personne n'a pas d'importance tant qu'elle a les compétences requises pour le poste, qu'elles sont sclérosées dans une pensée en fin de parcours, explique Marie Donzel, dirigeante du cabinet Donzel et Compagnie qui assurait la matinée de sensibilisation. L'entreprise s'inscrit dans un contexte démocratique. Elle doit ainsi agir à l'épanouissement des individus, apporter une plus-value sociale."    Elle a également rappelé qu’il ne fallait pas « jeter la pierre à toutes les entreprises affichant de mauvais résultats » puisque « dans certains secteurs, il n’y a globalement que 15 ou 20% de femmes, c’est un sujet qui dépasse l’entreprise. Pour autant, celle-ci doit aussi se responsabiliser et initier des plans d’actions pour progresser ».   Une analyse relayée notamment par Bernard Michel, président du groupe immobilier Gecina, premier du classement, lors de la conclusion de cette matinée : « Pour mobiliser toute l’entreprise, il faut avoir une conviction forte, au plus haut niveau. Je ne crois pas à l’idée qu’il y a des compétences masculines ou féminines. Il y a des différences, mais pas en matière de management ou d’efficacité. Au contraire, plus une entreprise diversifie son recrutement, plus elle est performante ».   En fin de cession, Marlène Schiappa a félicité L’Oréal, Carrefour et Gecima Immobilier, arrivées en tête du classement, pour « leur comportement exemplaire » et mis en avant la responsabilité des chefs d’entreprise dans la persistance des inégalités professionnelles : « la conviction doit partir du plus haut niveau pour être impulsée à tous les échelons ».

Reste qu’effectivement, si les entreprises ne respectent pas leurs obligations, ce n’est pas par misogynie, par manque d’intérêt, d’information ou de moyens… c’est aussi parfois par manque de candidate. Et si les employeurs ont assurément une part de responsabilité, peut-être l’Etat devrait développer des actions afin d’inciter les femmes à devenir ingénieurs par exemple, ou augmenter les effectifs d’étudiantes dans les meilleurs grandes écoles publiques.

Une bonne nouvelle : la réforme relative à la formation professionnelle est le prochain chantier de Muriel Péricaud et du Gouvernement d’Edouard Philippe !