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Inégalité hommes femmes : des progrès lents mais réels pour la "grande cause du quinquennat"

Inégalité hommes femmes : des progrès lents mais réels pour la
Le 15 janvier 2018
L'égalité homme femme a été désignée "grande cause du quinquennat" par Emmanuel MACRON. Marketing ou réelle volonté de faire progresser la société française ? Quelques éléments de réponse...

Emmanuel MACRON a déclaré l'égalité entre les hommes et les femmes "grande cause nationale" de son quinquennat. Et de fait, le Forum Economique Mondial a relevé de grands efforts en la matière, plaçant la France en 11ème position (sur 144) et faisant d'elle le pays du G20 le mieux classé en la matière. "Le challenge pour la France est maintenant d'améliorer son score au niveau du pilier économique, où elle arrive 64ème pour la deuxième année consécutive".

L'égalité salariale entre homme et femme, une réalité possible dans un siècle !

Pour la quatrième année consécutive, le fossé entre les genres dans le domaine de l'emploi s'est de nouveau creusé, rattrapant le niveau de 2008. L'année 2016 "marque un coup d'arrêt après une décennie de progrès lents mais constants en terme d'amélioration de l'égalité des sexes, puisque l'écart entre les genres à l'échelle du monde s'est creusé pour la première fois depuis la publication du premier rapport en 2006" point le Forum Economique Mondial. 

Même s'il est encore trop tôt pour s'interroger sur un éventuel "retournement de la courbe", les experts auteurs du rapport ne sont pas très optimistes. Ainsi, Saadi Zahidi note "En 2017, nous ne devrions pas voir la tendance à l'amélioration de la parité se retourner".

"Les domaines où les disparités entre les genres sont les plus difficiles à surmonter sont l'économie et la santé" peut-on lire, tandis que "le fossé politique est celui où les disparités entre les sexes sont les plus criantes et il pourrait mettre 99 ans à se résorber" (ndrl : un bon point cependant : dans le domaine de l'éducation, il pourrait être comblé en 13 ans).

L'égalité salariale entre les hommes et les femmes : un objectif de plus en plus partagé.

30 janvier 2017. En pleine affaire FILLON, François de RUGY, alors député écologiste, a voulu jouer la transparence en publiant sur Twitter les fiches de paie de deux de ses collaborateurs. Oui, mais... S'il a bien caché le nom des intéressés, en revanche l'actuel Président de l'Assemblée Nationale a laissé les numéros de sécurité sociale de ses collaborateurs visibles, permettant ainsi aux internautes d'en identifier le sexe (1 pour un homme, 2 pour une femme).

Or, si l'homme touche 2.434,15 € pour 121,34 heures (soit 20,06 €/heure), la femme, elle, ne gagne "que" 2.289,42 € pour 151,67 heures (soit 15,10 € de l'heure). Une différence salariale qui a vivement fait réagir la toile rappelez-vous. Et que dire de la justification du député écologiste "Il y a une personne qui fait un travail plutôt de secrétariat, qui s'occupe de la gestion de l'agenda, des déplacements, ... quand l'autre fat un travail législatif, de rédaction, de propositions de loi et d'amendements". Bein tiens ! 

Il n'empêche que cette polémique n'aurait probablement pas eu lieu si l'égalité salariale n'était pas de plus en plus au coeur des préoccupations des uns et des autres, en particulier depuis le scandale WEINSTEIN. 

"Il serait temps, alors que la loi existe depuis 40 ans, que les femmes soient payées autant que les hommes". "Cela génère de la domination, quand à poste égal, une femme est moins payée qu'un homme (...) et c'est la porte ouverte à tous les excès (...) Il est temps que le gouvernement fasse respecter la loi, à qualifications égales, salaire égal" a rappelé en octobre dernier Philippe MARTINEZ, leader de la CGT, tandis que Muriel PENICAUD, actuel Ministre du Travail, déplorait pour sa part qu'il y ait encore "9% d'écart de salaires à travail égal" entre les hommes et les femmes lors de sa présentation d'un guide de bonnes pratiques à destination des TPE et PME pour l'égalité professionnelle femmes-hommes.

L'égalité salariale hommes femme rapporterait pourtant 62 milliards d'euros.

"Les femmes touchent en moyenne 81 % du salaire des hommes, ou ont un salaire net inférieur de 19%" explique la Fondation Concorde. "Plus on progresse dans l'échelle des salaires, plus l'écart entre les femmes et les hommes est important, en partie parce que les femmes sont beaucoup moins nombreuses en haut de l'échelle".

Une discrimination salariale qui génère selon le laboratoire d'idée environ 62 milliards d'euros de gâchis, soit 0,16 % de point de croissance annuel en moins pour la France. Plus précisément, la stricte égalité salariale générerait 34 milliards de recettes fiscales supplémentaires pour l'Etat en raison d'une perception plus importantes de cotisations salariales et patronales, d'impôt sur le revenu, de TVA, ... tandis que les ménages pourraient profiter de 28 milliards d'euros supplémentaires.

Oui mais... Imposer une stricte égalité salariale en France imposerait aux entreprises d'absorber "un choc de 58 milliards d'euros sur leur masse salariale", "un argument de poids pour ceux qui sont animés par la volonté de ne rien changer à la situation actuelle" peut-on lire dans l'étude du Think Tank. 

Erwann TISON, coordinateur de l'étude, tempère cependant en affirmant qu'entre le bénéfice issu de la réduction de l'impôt sur les sociétés (le bénéfice diminuant du fait d'une masse salariale plus onéreuse), et celui lié à la hausse de consommation corolaire de l'augmentation des salaires, "au final, au bout de trois ou quatre ans l'impact négatif sur les entreprises serait annulé".